Les champignons sont des êtres vivants qui ne possèdent pas de chlorophylle. Ne pouvant donc pas assurer la photosynthèse, ils se nourrissent de matière exogène, et sont donc hétérotrophes. Ils vont donc adopter différents modes de vie :
- La symbiose, par l’intermédiaire des mycorhizes, qui est une association à bénéfice réciproque entre les plantes et les champignons.
- Le parasitisme, les champignons se développe aux dépens d’êtres vivants (plantes, animaux, voire champignons).
- Le saprotrophisme, les champignons se nourrissent alors de matière organique morte, comme le bois œuvré.
Deux types de champignons qui attaquent les bois
Les champignons lignicoles
Les champignons lignicoles se nourrissent des molécules de réserves présentes dans le bois, ils ne possèdent pas les enzymes capables de dégrader les composés structuraux du bois, tels que la lignine et la cellulose. La plupart du temps, ils sont responsables de coloration qui n’a d’impact que sur l’esthétique du bois. Ils n’engendrent pas de détérioration des propriétés mécaniques.
Les champignons xylophages (dits lignivores)
Les champignons dits lignivores ne consomment pas tous uniquement la lignine, ils sont en fait des champignons xylophages. Ils possèdent des enzymes capables d’hydrolyser les composants structuraux du bois. Le bois attaqué perd de sa résistance mécanique jusqu’à la ruine de l’ouvrage. Les champignons lignivores sont composés des pourritures cubiques, des pourritures fibreuses, et des pourritures molles.
Les champignons lignivores des habitations sont donc tous des saprotrophes.
Développement des champignons lignivores
Les spores analogues aux graines des plantes supérieures, mais microscopiques et beaucoup plus nombreuses. Les spores qui tombent dans un milieu humide favorable germent un peu à la manière des graines donnant naissance à un filament minuscule (0,5 à 0,7 μm de diamètre) appelé hyphe.
Les hyphes vont se ramifier, et les filaments vont rester en surface ou pénétrer à l’intérieur des matériaux. Elles sécrètent des enzymes qui hydrolysent la cellulose et l’hémicellulose.
Les cordons mycélien, ou rhizomorphe : l’ensemble des hyphes constitue le mycélium. Leur croissance se fait par formation de nouvelles cellules à leur extrémité, et en même temps des branches latérales apparaissent, leur multiplication aboutit à la constitution d’un vaste réseau de cellules toutes semblables appelé cordons Mycélien ou rhizomorphe.
Dans les conditions optimales de chaleur et d’humidité, le mycélium peut s’accroître de 2 à 3 cm par semaine et couvrir des surfaces de plusieurs dizaines de m2.
Le sporophore (fructification ou carpophores) :quand les conditions sont favorables, et avec un minimum de lumière, les fructifications qui émettent les spores capables d’assurer la reproduction et la dissémination de l’espèce peuvent apparaître. Les sporophores peuvent avoir des aspect variables d’une espèce à l’autre. Un sporophore peut émettre des milliards de spores.
Le champignon se propage aussi par le mycélium. Le repiquage peut se produire : une pièce de bois attaquée peut en contaminer une autre quand les conditions ambiantes sont favorables.
Facteurs de développement
L’eau est un éléments indispensables au développement des champignons lignivores. En dessus d’un taux d’humidité du bois 18-20%, les champignons ne peuvent pas se développer.
Les filaments mycélien se développent dans une tranche de températures spécifiques à chaque espèce de champignons. La valeur optimale se situe entre 20 et 30°C.
En dessous ou au dessus de ces températures la croissance ralentie ou s’arrête.
Seule exception : le lenzite qui est capable de supporter des températures élevées.
Le champignon peut survivre même si la température descend au voisinage de 0°C.
Les champignons affectionnent les milieux acides ou neutres.
Les champignons lignivores peuvent croître dans un milieux complètement obscur. Cependant, ils ont besoin d’un minimum de lumière lors de la phase de fructification.
Les champignons lignivores, mêmes s’ils affectionnent les atmosphères confinées, ont absolument besoin d’oxygène.
Tout apport de matières organiques favorise un développement de champignons lignivores.
Ces apports peuvent être dus à une fuite de toilettes (wc) ou de canalisation de tout à l’égout.
L’ammoniaque est toxique sous forme gazeuse pour les champignons, mais sous forme aqueuse il peut être un stimulant.
L’eau de javel à un effet immédiat de brûlage, puis un effet inverse après élimination du chlore actif.
Des sels en provenance des sols peuvent être contenus dans les matériaux de construction.
Les sels provenant du sol de part leur hygroscopicité maintiennent les matériaux humides, ce qui favorise le développement des champignons. Il faut donc être particulièrement vigilant aux phénomènes de remontées capillaires et les éliminer.
Différents types de destruction
La destruction du bois par les champignons lignivores se caractérise par de la pourriture que l’on classe en 3 familles :
- Pourritures cubiques ou blanche – Cette pourriture se caractérise sur le bois attaqué par une couleur brune et de nombreuses craquelures en petits cubes d’où son nom. Les champignons formant ces pourritures sont essentiellement Les mérules, les coniophores, les lenzites
- Pourritures blanches ou fibreuses – Le bois attaqué par ces pourritures devient blanc avec un aspect fibreux. Les champignons pour ce type de moisissures sont capables d’hydrolyser la lignine et la cellulose. On retrouve essentiellement Trechispora, Coprinus ou Donkioporia expansa.
- Pourritures molles – Le bois attaqué devient noir, mou et après séchage il forme des cubes plus petits que ceux formés par une pourriture cubique. Les champignons de pourriture molle nécessitent une humidité plus importante et ils apprécient la présence de sels minéraux. Pour toutes ces raisons, ces champignons sont souvent rencontrés sur des éléments en contact avec le sol. On retrouve dans cette familles essentiellement Chaetomium globosum et Hypocrea rufa.
Identifier un champignon lignivore
Compte tenu des différentes variétés de champignons lignivores, l’identification est délicate. Elle nécessite une inspection des lieux qui a pour objectif de détecter la présence de mérules ou d’autres champignons lignivores.
L’examen s’effectue de manière visuelle, et sans sondages destructifs, sur les éléments visibles et accessibles lors de l’inspection sans démontage ni dépose (sauf autorisation contraire).
Une prise d’échantillon et un examen mycologique en laboratoire peuvent être nécessaires pour confirmer l’espèce.
Lorsque la présence d’infestation de mérules ou de champignons lignivore (provoquant une pourriture cubique, fibreuse ou molle) est confirmée, il sera nécessaire de faire réaliser un devis pour assainir le bâtiment, assurer la solidité de l’ouvrage et la sécurité des occupants, et le traitement fongicide.
Serpula lacrymans
Nom commun : Mérule des maisons ou Mérule pleureuse, champignon ou lèpre des maisons (employé au masculin comme au féminin).
Coniophora puteana
Nom commun : Coniophore des caves, appelé également Coniophore bosselé
Gloeophyllum sepiarium
Nom commun: Le Lenzite des Poutres ou encore Lenzite des clôtures